Sévellec, homme de plume


Connu principalement par ses activités dans le domaine de la peinture et dans celui de la faïence, Jim-E. Sévellec l’est encore beaucoup moins par ses écrits.

On peut dater ses débuts d’homme de plume « professionnel » aux premiers jours de sa collaboration avec La Dépêche de Brest et de l’Ouest, grand quotidien brestois de l’entre-deux-guerres, lorsqu’il succéda, en qualité de critique d’art, à Thomas Parc, son ancien professeur de lettres du lycée de Brest, qui signait Jacques Sincère. Si celui-ci chroniquait indifféremment peinture, musique et théâtre, Sévellec ne traita jamais pour sa part que de peinture et de beaux-arts.

Parler de peinture dans la Brest de l’entre-deux-guerres revenait à parler presque exclusivement des expositions organisées par Anna Saluden dans sa célèbre galerie de la rue Traverse. La vie culturelle brestoise était à l’époque d’une telle richesse et d’une telle intensité qu’elle était en mesure d’en organiser une toutes les deux semaines. Exposaient naturellement, principalement, les célébrités locales. Il arrivait toutefois qu’un grand nom de la peinture de l’époque vînt lui aussi accrocher de ses œuvres aux cimaises de la galerie. De 1934 à 1939, près de cent cinquante chroniques signées Jim-E. Sévellec parurent ainsi dans La Dépêche. Non contentes de constituer les véritables archives d’une institution légendaire de Brest, ainsi qu’une présentation de la vie artistique de la ville à cette époque, il est indéniable qu’elles ont écrit à leur manière un authentique chapitre de l’histoire de l’art de la Bretagne.

Après-guerre, les écrits de Sévellec vont prendre une autre tournure. Ses souvenirs constituent dès lors l’essentiel de sa production écrite. Dans Souvenirs de mon pays se trouvent évoquées aussi bien son enfance camarétoise que maintes rencontres essentielles de sa vie d’artiste avec, parmi d’autres, Louis-Marie Désiré-Lucas, Robert Louis Antral ou Max Jacob. Si la majeure partie en demeure inédite, certains chapitres ont paru, plus ou moins remaniés, dans Les Cahiers de l’Iroise voire dans Le Télégramme de Brest, agrémentés à l’occasion de dessins de la main de son Joël-Jim Sévellec.    

Il est arrivé également, mais plutôt rarement, que Sévellec publie dans Le Télégramme des textes sur la peinture, tel celui où il s’exprime sur l’art abstrait.

C’est par le biais de ce même quotidien que le nom de Jim-E. Sévellec a été popularisé dans les années 1950. En 1955, secondé par son fils Joël-Jim, il y fit paraître, sous la forme d’une bande dessinée, une Histoire de Brest, reprise en volume l’année suivante. Ce fut l’unique bande dessinée dont Jim-E. Sévellec écrivit les textes illustrés de sa main. Par la suite, il s’associa en effet avec Louis Ogès, pour évoquer l’histoire de Quimper, ainsi que quelques épisodes de l’histoire de Bretagne.

Enfin, Jim-E. Sévellec est l’auteur d’un superbe livre d’artiste, demeuré à ce jour inédit, destiné à sa famille, dans lequel aquarelles et gouaches réalisées tout au long de sa vie révèlent sa vision de sa chère presqu’île de Crozon.

Armel MORGANT



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